Votre navigateur ne supporte pas le javascript. La navigation risque d'être perturbée!
chargement

Suite de l'interview: la chirurgie de l'obésité en 20 questions.....

Interview du Dr Lechaux sur les questions que se posent les patients avant une intervention pour obésité par Catimini.

11.Avez-vous déjà eu connaissance d'une patiente opérable ayant cédé à un diktat familial pour ne pas se faire opérer malgré une certaine urgence ?

oui, et cela a été une assez mauvaise expérience. J'avais suivi depuis quelques mois une patiente qui était diabétique et hypertendue. Son bilan était assez avancé et arrivait a son terme. L'anesthésiste lui a demandé de venir en consultation avec sa « personne de confiance ». Elle est donc venue accompagnée de son mari qui s'est révélé être farouchement opposé à l'intervention. Malheureusement son bilan s'est arrêté là. Le mari de cette patiente n'avait pas du tout adhéré a la démarche de son épouse qui est resté avec son diabète évolutif et son hypertension artérielle. On voit dans ce cas la limite de la « personne de confiance »….

12.Estimez-vous qu'il y ait une limite d'âge (avant 18 ans et après 70 ans par exemple) pour pratiquer une telle intervention ?

Dans les recommandations européennes, il est bien précisé que l'obésité doit être ancienne (plus de 5 ans), stabilisée et réfractaire à un traitement médical bien conduit au sein d'une équipe pluridisciplinaire. Avant l'âge de 18 ans il faut bien cerner les patients et être certain de leur détermination. Bien entendu, il faut que les patients aient finit leur croissance. Au total cela limite considérablement le nombre d'indication en tous les cas en Europe. Je pense que le problème est très différent aux états unis. Pour l'âge maximal, il peut être repoussé à 75 ans dans certains cas mais avec un bénéfice attendu qui sera moindre. La perte de poids sera moins importante et moins bien tolérée, les comorbidités (diabète, HTA et apnée du sommeil) ne seront pas guéries. Cela dit l'âge « physiologique » doit être plus pris en compte que l'âge civil. Il y a de plus en plus de patient en bon état général à 70 ans.

13.Une telle intervention fait-elle souffrir ? Si oui, de quelle façon la douleur est-elle prise en charge par le personnel soignant ?

Il est difficile de parler de la douleur à la place des patients. Comment savoir si untel souffre mais ne l'exprime pas et qu'un autre se plaint dès le moindre inconfort. Il n'y a pas d'échelle fiable. L'équipe peut néanmoins comparer les consommations d'antalgiques sur les PCA (pompe à administration contrôlée par le patient). Les morphiniques sont utilisés le premier jour puis la douleur paraît contrôlée avec du paracétamol en intraveineux d'abord puis par la bouche. Au total, la douleur due à l'intervention dure de 2 à 3 jours puis le problème de la douleur passe au second plan par rapport au problème de la façon de se réalimenter. Dans le service, la douleur est l'affaire de tous. Il ne faut pas laisser une douleur s'installer. L'attitude actuelle est de plutôt mettre une forte dose de calmant pour ensuite la diminuer plutôt que de monter progressivement sans être réellement efficace.

14.Combien, d'après vous, y a-t-il à l'année d'interventions de by-pass en France et particulièrement dans l'Ouest ? Pensez-vous que cela va encore s'accentuer ?

je n'ai aucune idée du nombre de by-pass dans l'ouest de la France. En revanche, il y a eu en France en 2008, 18000 opérations pour obésité et en 2009 au congrès international de la chirurgie de l'obésité, le promoteur de la technique du mini by pass, le Dr Robert Rutledge (Las VEGAS, USA), a montré sa série de 4 400 patients opérés avec d'excellents résultats en terme de perte de poids et de qualité de vie avec un recul moyen de 17 ans. En France, de plus en plus de chirurgien font de la chirurgie bariatrique mais surtout des interventions plus simples (anneau gastrique et gastrectomie en manchon ou « sleeve »). Mais l'efficacité du by pass est telle que je pense qu'il y aura de plus en plus de patient opéré. Le mini by pass devrait quand à lui être de plus en plus pratiqué en raison de son efficacité, de sa bénignité et du fait de la facilité de sa réversibilité.

15.Après des opérations du by-pass, quel est le degré de satisfaction de vos patients ?

Globalement les patients sont satisfaits. Neuf fois sur 10 il situe leur degré de satisfaction entre 8/10 et 10/10. Mais cette cotation est dépendante de l'examinateur. Il n'est pas sur que le score serait aussi bon si la question était posée par un examinateur extérieur. En fin de compte les patients sont satisfaits d'enfin pouvoir perdre du poids mais ils sont souvent inquiets du fait des faibles quantités qu'ils réussissent à absorber.

16.Est-ce qu'un chirurgien peut se lasser de toujours appliquer la même technique ?

oui, c'est possible. Mais en pratique les patients sont tous un peu différents. Il faut s'adapter à chacun et tenter de faire une intervention totalement « sans faute ». C'est rare, en tout cas pour moi, d'être 100% satisfait d'une opération. Finalement on peut toujours mieux faire et c'est le coté magique de la chirurgie. Et puis les voies d'abord changent. Il y avait d'abord la laparotomie, puis la cœlioscopie et maintenant ce qu'on appelle le « single access » c'est à dire la cœlioscopie par un seul trocart un peu plus grand qui permet d'introduire tous les instruments. Une même intervention, identique au départ, peut se décliner selon différentes versions (selon la voie d'abord) comme une symphonie.

17.La « mode » est à la délocalisation (dentaire, opératoires diverses…) et il semblerait que certaines cliniques à l'étranger se soient spécialisées dans le by-pass. Sans préjuger de leurs compétences, que pensez-vous de cela, tout en sachant qu'il est peu probable que le suivi postopératoire soit exporté également ?

Si l'on se met à la place du patient cela paraît attrayant. Les spécialistes sont souvent compétents. Les tarifs sont avantageux. L'intervention peut être rapidement programmée. Pour certains patients bien sélectionnés, pourquoi pas ? Le problème est plus avant et après l'opération. Bien entendu tout spécialiste peut et doit suivre un patient demandeur même si il a été opéré ailleurs mais c'est en pratique plus difficile. Quelle a été exactement la technique utilisée ? Comment était le bilan préopératoire ? Comment va être organiser le suivi ? Je pense que c'est beaucoup plus rassurant pour le patient de savoir qu'il peut contacter et voir rapidement en consultation les spécialistes qui l'ont pris en charge.

18.Qu'est-ce qu'un blog comme celui-ci vous apporte dans vos relations aux by-passés ? Est-ce que cela change votre discours ?

Votre blog est un excellent moyen d'information. C'est du vécu. En le lisant on se rend mieux compte des difficultés, des problèmes et on trouve des solutions à ces problèmes. C'est une communication sur le terrain, franche, des patients entre eux mais aussi des patients avec les soignants.
Oui cela influe sur mon discours dans la mesure ou en le lisant je me rends mieux compte de certaines difficultés et je peux prévenir les patients avant. Un patient prévenu est moins inquiet et plus…. « patient ».

19.Trouvez-vous les magazines d'informations (télévisuels, presse écrite…) assez au fait de tout ce qui entoure le by-pass pour en parler au grand Public ?

Cela commence à s'améliorer. Il y a de plus en plus de vulgarisation d'assez bonne qualité alors que avant il y en avait beaucoup mais l'information me paraissait peu compréhensible. Le problème est que, comme toujours, ce qui intéresse les journalistes c'est les cas les plus spectaculaires. Cela crée une distorsion de l'information qui n'est plus la réalité de la majorité des patients. Mais malgré le fait que c'est un problème complexe qui est difficile à exposer au grand public, les médias proposent des documents de mieux en mieux conçus.

20.Avez-vous une anecdote souriante à nous raconter au sujet du by-pass ? (Humour).

Je suis toujours très impressionné par les patients qui maigrissent de façon spectaculaire et que non seulement je n'arrive pas a reconnaître mais en plus que je pense avoir opérer d'autre chose (hernie, vésicule) tellement ils sont revenus dans des normes de poids standard. Le résultat est sidérant. Il entraîne d'ailleurs assez souvent des bouleversements dans l'entourage des patients. Il faut aussi penser à préparer le patient à cela. J'ai beaucoup d'histoire de patients qui souvent ne sont pas reconnus par leur famille proche dans des lieus publics, et c'est toujours amusant.

Actualités Interventions chirurgicales

Toutes les actus Interventions chirurgicales